Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.de cette affaire importante, dans un bourg ou Absorbe dans mes pensees, je regardais a Je n'avais pas encore fait deux cents pas, de cette affaire importante, dans un bourg où Absorbé dans mes pensées, je regardais à Je n’avais pas encore fait deux cents pas, <TEI> <text> <body> <div n="1"> <p><pb facs="#f0131" n="103"/> de cette affaire importante, dans un bourg où<lb/> l’on tenait foire, et je m’arrêtai devant une bou-<lb/> tique, où des chaussures vieilles et neuves étaient<lb/> étalées. Je marchandai une paire de bottes neu-<lb/> ves qui me convenaient parfaitement; mais le<lb/> prix exorbitant que l’on en demandait, m’obligea<lb/> d’y renoncer. Je me rabattis sur d’autres déjà<lb/> portées, qui paraissaient encore bonnes et très-<lb/> fortes; je conclus le marché. Le jeune garçon<lb/> qui tenait la boutique, et dont une longue cheve-<lb/> lure blonde ombrageait la belle figure, les re-<lb/> mit entre mes mains, après en avoir reçu le<lb/> paiement, et me souhaita, d’un air gracieux,<lb/> un bon voyage. Je me chaussai de ma nouvelle<lb/> emplette, et je sortis du bourg, dont la porte<lb/> s’ouvrait du côté du nord.</p><lb/> <p>Absorbé dans mes pensées, je regardais à<lb/> peine à mes pieds; je songeais aux mines, où<lb/> j’espérais arriver le soir même, et où je ne<lb/> savais trop comment me présenter.</p><lb/> <p>Je n’avais pas encore fait deux cents pas,<lb/> lorsque je m’aperçus que je n’étais plus dans<lb/> le chemin; je le cherchai des yeux. Je me trou-<lb/> vais au milieu d’une antique forêt de sapins,<lb/> dont la coignée semblait n’avoir jamais approché.</p><lb/> </div> </body> </text> </TEI> [103/0131]
de cette affaire importante, dans un bourg où
l’on tenait foire, et je m’arrêtai devant une bou-
tique, où des chaussures vieilles et neuves étaient
étalées. Je marchandai une paire de bottes neu-
ves qui me convenaient parfaitement; mais le
prix exorbitant que l’on en demandait, m’obligea
d’y renoncer. Je me rabattis sur d’autres déjà
portées, qui paraissaient encore bonnes et très-
fortes; je conclus le marché. Le jeune garçon
qui tenait la boutique, et dont une longue cheve-
lure blonde ombrageait la belle figure, les re-
mit entre mes mains, après en avoir reçu le
paiement, et me souhaita, d’un air gracieux,
un bon voyage. Je me chaussai de ma nouvelle
emplette, et je sortis du bourg, dont la porte
s’ouvrait du côté du nord.
Absorbé dans mes pensées, je regardais à
peine à mes pieds; je songeais aux mines, où
j’espérais arriver le soir même, et où je ne
savais trop comment me présenter.
Je n’avais pas encore fait deux cents pas,
lorsque je m’aperçus que je n’étais plus dans
le chemin; je le cherchai des yeux. Je me trou-
vais au milieu d’une antique forêt de sapins,
dont la coignée semblait n’avoir jamais approché.
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