Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.croyais rever; je me mordis la langue pour m'e- 7*
croyais rêver; je me mordis la langue pour m’é- 7*
<TEI> <text> <body> <div n="1"> <p><pb facs="#f0133" n="105"/> croyais rêver; je me mordis la langue pour m’é-<lb/> veiller; mais je ne dormais pas. Je fermai les<lb/> yeux pour rassembler mes idées, les syllabes<lb/> d’un langage qui m’était tout-à-fait inconnu,<lb/> frappèrent mon oreille. Je levai les yeux, deux<lb/> Chinois (la coupe asiatique de leur visage me<lb/> forçait d’ajouter foi à leur costume), deux Chi-<lb/> nois m’adressaient la parole avec les génuflexions<lb/> usitées dans leur pays. Je me levai et recu-<lb/> lai de deux pas, je ne les revis plus; le pay-<lb/> sage avait changé, des bois avaient remplacé<lb/> les rizières: je considérai les arbres voisins, je<lb/> crus reconnaître des productions de l’Asie et des<lb/> Indes orientales; je voulus m’approcher d’un de<lb/> ces arbres; — une jambe en avant et tout avait<lb/> encore changé. Alors, je me mis à marcher à<lb/> pas comptés, comme un recrue que l’on exerce,<lb/> regardant avec admiration autour de moi. De<lb/> fertiles plaines, de brûlans déserts de sable,<lb/> des savanes, des forêts, des montagnes cou-<lb/> vertes de neiges, se déroulaient successivement<lb/> et rapidement à mes regards étonnés. Je n’en<lb/> pouvais plus douter, j’avais à mes pieds des<lb/> bottes de sept lieues.</p> </div><lb/> <milestone rendition="#hr" unit="section"/><lb/> <fw place="bottom" type="sig">7*</fw><lb/> </body> </text> </TEI> [105/0133]
croyais rêver; je me mordis la langue pour m’é-
veiller; mais je ne dormais pas. Je fermai les
yeux pour rassembler mes idées, les syllabes
d’un langage qui m’était tout-à-fait inconnu,
frappèrent mon oreille. Je levai les yeux, deux
Chinois (la coupe asiatique de leur visage me
forçait d’ajouter foi à leur costume), deux Chi-
nois m’adressaient la parole avec les génuflexions
usitées dans leur pays. Je me levai et recu-
lai de deux pas, je ne les revis plus; le pay-
sage avait changé, des bois avaient remplacé
les rizières: je considérai les arbres voisins, je
crus reconnaître des productions de l’Asie et des
Indes orientales; je voulus m’approcher d’un de
ces arbres; — une jambe en avant et tout avait
encore changé. Alors, je me mis à marcher à
pas comptés, comme un recrue que l’on exerce,
regardant avec admiration autour de moi. De
fertiles plaines, de brûlans déserts de sable,
des savanes, des forêts, des montagnes cou-
vertes de neiges, se déroulaient successivement
et rapidement à mes regards étonnés. Je n’en
pouvais plus douter, j’avais à mes pieds des
bottes de sept lieues.
7*
Suche im WerkInformationen zum Werk
Download dieses Werks
XML (TEI P5) ·
HTML ·
Text Metadaten zum WerkTEI-Header · CMDI · Dublin Core Ansichten dieser Seite
Voyant Tools ?Language Resource Switchboard?FeedbackSie haben einen Fehler gefunden? Dann können Sie diesen über unsere Qualitätssicherungsplattform DTAQ melden. Kommentar zur DTA-AusgabeDieses Werk wurde im Rahmen des Moduls DTA-Erweiterungen (DTAE) digitalisiert. Weitere Informationen …
|
Insbesondere im Hinblick auf die §§ 86a StGB und 130 StGB wird festgestellt, dass die auf diesen Seiten abgebildeten Inhalte weder in irgendeiner Form propagandistischen Zwecken dienen, oder Werbung für verbotene Organisationen oder Vereinigungen darstellen, oder nationalsozialistische Verbrechen leugnen oder verharmlosen, noch zum Zwecke der Herabwürdigung der Menschenwürde gezeigt werden. Die auf diesen Seiten abgebildeten Inhalte (in Wort und Bild) dienen im Sinne des § 86 StGB Abs. 3 ausschließlich historischen, sozial- oder kulturwissenschaftlichen Forschungszwecken. Ihre Veröffentlichung erfolgt in der Absicht, Wissen zur Anregung der intellektuellen Selbstständigkeit und Verantwortungsbereitschaft des Staatsbürgers zu vermitteln und damit der Förderung seiner Mündigkeit zu dienen.
2007–2024 Deutsches Textarchiv, Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften.
Kontakt: redaktion(at)deutschestextarchiv.de. |