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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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me salua avec le plus profond respect sous le
nom de comte. Que pouvais-je faire? J'accep-
tai le titre, et me laissai nommer le comte
Pierre. Cependant au milieu de cette foule em-
pressee et joyeuse, mon ame ne soupirait qu'-
apres un seul objet. Elle parut enfin bien tard
au gre de mon impatience, celle qui, digne de
la couronne, en portait sur son front le simu-
lacre -- le diademe que Bendel avait echange
contre l'offrande de cette bonne ville. Elle sui-
vait modestement ses parens, et semblait seule
ignorer qu'elle etait la plus belle. On me nomma
M. l'inspecteur des forets, Madame son epouse,
et Mademoiselle sa fille. Je reussis a dire mille
choses agreables et obligeantes aux parens, mais
je restai devant leur fille muet et deconcerte,
comme l'enfant qui vient d'etre pris en faute;
enfin je la suppliai, en balbutiant, d'honorer
cette fete en y acceptant le rang dau a ses
graces et a sa beaute. Elle sembla, d'un coup-
d'oeil expressif et touchant, reclamer mon in-
dulgence; mais aussi timide qu'elle-meme, je
ne pus que lui offrir en hesitant mes hommages
comme a la reine de la fete. La Beaute de
mon choix reunit facilement tous les suffrages;

me salua avec le plus profond respect sous le
nom de comte. Que pouvais-je faire? J’accep-
tai le titre, et me laissai nommer le comte
Pierre. Cependant au milieu de cette foule em-
pressée et joyeuse, mon âme ne soupirait qu’-
après un seul objet. Elle parut enfin bien tard
au gré de mon impatience, celle qui, digne de
la couronne, en portait sur son front le simu-
lacre — le diadême que Bendel avait échangé
contre l’offrande de cette bonne ville. Elle sui-
vait modestement ses parens, et semblait seule
ignorer qu’elle était la plus belle. On me nomma
M. l’inspecteur des forêts, Madame son épouse,
et Mademoiselle sa fille. Je réussis à dire mille
choses agréables et obligeantes aux parens, mais
je restai devant leur fille muet et déconcerté,
comme l’enfant qui vient d’être pris en faute;
enfin je la suppliai, en balbutiant, d’honorer
cette fête en y acceptant le rang dû à ses
grâces et à sa beauté. Elle sembla, d’un coup-
d’oeil expressif et touchant, réclamer mon in-
dulgence; mais aussi timide qu’elle-même, je
ne pus que lui offrir en hésitant mes hommages
comme à la reine de la fête. La Beauté de
mon choix réunit facilement tous les suffrages;

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[40/0060] me salua avec le plus profond respect sous le nom de comte. Que pouvais-je faire? J’accep- tai le titre, et me laissai nommer le comte Pierre. Cependant au milieu de cette foule em- pressée et joyeuse, mon âme ne soupirait qu’- après un seul objet. Elle parut enfin bien tard au gré de mon impatience, celle qui, digne de la couronne, en portait sur son front le simu- lacre — le diadême que Bendel avait échangé contre l’offrande de cette bonne ville. Elle sui- vait modestement ses parens, et semblait seule ignorer qu’elle était la plus belle. On me nomma M. l’inspecteur des forêts, Madame son épouse, et Mademoiselle sa fille. Je réussis à dire mille choses agréables et obligeantes aux parens, mais je restai devant leur fille muet et déconcerté, comme l’enfant qui vient d’être pris en faute; enfin je la suppliai, en balbutiant, d’honorer cette fête en y acceptant le rang dû à ses grâces et à sa beauté. Elle sembla, d’un coup- d’oeil expressif et touchant, réclamer mon in- dulgence; mais aussi timide qu’elle-même, je ne pus que lui offrir en hésitant mes hommages comme à la reine de la fête. La Beauté de mon choix réunit facilement tous les suffrages;

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 40. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/60>, abgerufen am 11.12.2024.