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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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D'autres fois je cherchais a me flatter de
l'esperance de la visite prochaine de l'homme
en habit gris! mais mes larmes coulaient de
nouveau, lorsqu'en vain j'avais essaye de me
repaeitre de chimeres. J'avais sans cesse devant
les yeux le jour qu'il avait fixe pour me revoir,
jour aussi redoute qu'impatiemment attendu. Il
avait dit: d'aujourd'hui en un an, et j'ajoutais
foi a sa parole.

Les parens de Mina etaient de bonnes gens,
qui, sur le retour de l'age, n'avaient d'autre af-
fection que le tendre amour qu'ils portaient a
leur fille unique. Notre amour les surprit avant
qu'ils s'en fussent avises; et domines par les
evenemens, ils ne savaient a quoi se resoudre.
Il ne leur etait pas d'abord venu dans l'esprit
que le comte Pierre paut jeter les yeux sur leur
enfant; et voila qu'il l'aimait et qu'il en etait
aime. La vanite de la mere allait jusqu'a se
bercer de la possibilite d'une alliance, dont elle
cherchait meme a aplanir les voies; mais le bon
sens du pere se refusait a une aussi folle ambition.
Tous deux cependant etaient egalement convaincus
de la purete de mes sentimens; ils ne pouvaient
que prier Dieu pour le bonheur de leur fille.

D’autres fois je cherchais à me flatter de
l’espérance de la visite prochaine de l’homme
en habit gris! mais mes larmes coulaient de
nouveau, lorsqu’en vain j’avais essayé de me
repaître de chimères. J’avais sans cesse devant
les yeux le jour qu’il avait fixé pour me revoir,
jour aussi redouté qu’impatiemment attendu. Il
avait dit: d’aujourd’hui en un an, et j’ajoutais
foi à sa parole.

Les parens de Mina étaient de bonnes gens,
qui, sur le retour de l’âge, n’avaient d’autre af-
fection que le tendre amour qu’ils portaient à
leur fille unique. Notre amour les surprit avant
qu’ils s’en fussent avisés; et dominés par les
événemens, ils ne savaient à quoi se résoudre.
Il ne leur était pas d’abord venu dans l’esprit
que le comte Pierre pût jeter les yeux sur leur
enfant; et voilà qu’il l’aimait et qu’il en était
aimé. La vanité de la mère allait jusqu’à se
bercer de la possibilité d’une alliance, dont elle
cherchait même à aplanir les voies; mais le bon
sens du père se refusait à une aussi folle ambition.
Tous deux cependant étaient également convaincus
de la pureté de mes sentimens; ils ne pouvaient
que prier Dieu pour le bonheur de leur fille.

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[46/0066] D’autres fois je cherchais à me flatter de l’espérance de la visite prochaine de l’homme en habit gris! mais mes larmes coulaient de nouveau, lorsqu’en vain j’avais essayé de me repaître de chimères. J’avais sans cesse devant les yeux le jour qu’il avait fixé pour me revoir, jour aussi redouté qu’impatiemment attendu. Il avait dit: d’aujourd’hui en un an, et j’ajoutais foi à sa parole. Les parens de Mina étaient de bonnes gens, qui, sur le retour de l’âge, n’avaient d’autre af- fection que le tendre amour qu’ils portaient à leur fille unique. Notre amour les surprit avant qu’ils s’en fussent avisés; et dominés par les événemens, ils ne savaient à quoi se résoudre. Il ne leur était pas d’abord venu dans l’esprit que le comte Pierre pût jeter les yeux sur leur enfant; et voilà qu’il l’aimait et qu’il en était aimé. La vanité de la mère allait jusqu’à se bercer de la possibilité d’une alliance, dont elle cherchait même à aplanir les voies; mais le bon sens du père se refusait à une aussi folle ambition. Tous deux cependant étaient également convaincus de la pureté de mes sentimens; ils ne pouvaient que prier Dieu pour le bonheur de leur fille.

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 46. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/66>, abgerufen am 09.11.2024.