Adler, Emma: Die berühmten Frauen der französischen Revolution 1789–1795. Wien, 1906.C'est ici que fini la periode de mon enfance et de ma toute premiere jeunesse. Ce que je vais maintenant vous dire ne me parait point trop fait pour etre insere dans un proces-verbal; mais puisqu'on m'ordonne de rendre compte des principeaux evenements de ma vie, j'obeis, mais cela me coaute a certains egards. Il venait chez cette dame un jeune anglais qui chercha a me faire la cour de la maniere la plus honnete et la plus delicate, il avait beaucoup d'elevation et de generosite dans les sentiments, son ame etait fiere, son coeur droit. Il etait beau, sa physiognomie exprimait tant de sensibilite quand il me parlait d'amour qu'insensiblement mon coeur se donna sans que je m'en apercue. La dame chez qui je demeurais, qui avait pour moi les soins d'une mere, m'avertit de me tenir sur mes gardes et defendit la porte a mon amant. Il m'ecrivait les lettres les plus tendres et les plus delicates, et se promenait tous les jours sous mes fenetres. Mais d'apres les sages conseils qu'on m'avait donne, je lui renvoyai ses lettres et lui fit dire de ne plus m'ecrire; s'il m'avait obei j'en aurais ete fachee. Il est inutile que je vous fasse de longs details. Des soins qu'il prit pendant un an pour me plaire, et que je vous dise, la constance m'inspira l'amour le plus vif. Un soir que la dame chez qui je demeurai n'y etait point, il se presenta, d'abord il ne pu s'exprimer; en suite il me disait les choses les plus tendres et me proposait de m'en aller avec lui pour nous marier. J'etais toute tremblante, je voulu m'echapper, mais il me suivit et me porta dans sa voiture. Je fus d'abord indignee, je lui fis beaucoups de reproches, il me fit de nouveaux serments, mon amour etouffa mon indignation et les regrets que j'avais de quitter une dame a qui j'avais tant d'obligations. Il me conduisit dans une de ses terres aupres de Londres ou nous devions nous marier, je m'en rapportai a son honneur. Il etait noble, et attendait dix mille louis de rentes a sa majorite, en consequence il etait force d'avoir des C’est ici que fini la periode de mon enfance et de ma toute première jeunesse. Ce que je vais maintenant vous dire ne me parait point trop fait pour être inseré dans un procès-verbal; mais puisqu’on m’ordonne de rendre compte des principeaux événements de ma vie, j’obeis, mais cela me coûte a certains égards. Il venait chez cette dame un jeune anglais qui chercha à me faire la cour de la manière la plus honnête et la plus délicate, il avait beaucoup d’élévation et de générosité dans les sentiments, son âme était fière, son coeur droit. Il était beau, sa physiognomie exprimait tant de sensibilité quand il me parlait d’amour qu’insensiblement mon coeur se donna sans que je m’en aperçue. La dame chez qui je demeurais, qui avait pour moi les soins d’une mère, m’avertit de me tenir sur mes gardes et defendit la porte à mon amant. Il m’écrivait les lettres les plus tendres et les plus delicates, et se promenait tous les jours sous mes fenêtres. Mais d’après les sages conseils qu’on m’avait donné, je lui renvoyai ses lettres et lui fit dire de ne plus m’écrire; s’il m’avait obei j’en aurais été fachée. Il est inutile que je vous fasse de longs détails. Des soins qu’il prit pendant un an pour me plaire, et que je vous dise, la constance m’inspira l’amour le plus vif. Un soir que la dame chez qui je demeurai n’y était point, il se présenta, d’abord il ne pu s’exprimer; en suite il me disait les choses les plus tendres et me proposait de m’en aller avec lui pour nous marier. J’étais toute tremblante, je voulu m’échapper, mais il me suivit et me porta dans sa voiture. Je fus d’abord indignée, je lui fis beaucoups de reproches, il me fit de nouveaux serments, mon amour étouffa mon indignation et les regrets que j’avais de quitter une dame a qui j’avais tant d’obligations. Il me conduisit dans une de ses terres auprès de Londres où nous devions nous marier, je m’en rapportai à son honneur. Il était noble, et attendait dix mille louis de rentes à sa majorité, en consequence il était forcé d’avoir des <TEI> <text> <back> <div> <p><pb facs="#f0270" n="246"/> C’est ici que fini la periode de mon enfance et de ma toute première jeunesse.</p> <p>Ce que je vais maintenant vous dire ne me parait point trop fait pour être inseré dans un procès-verbal; mais puisqu’on m’ordonne de rendre compte des principeaux événements de ma vie, j’obeis, mais cela me coûte a certains égards. Il venait chez cette dame un jeune anglais qui chercha à me faire la cour de la manière la plus honnête et la plus délicate, il avait beaucoup d’élévation et de générosité dans les sentiments, son âme était fière, son coeur droit. Il était beau, sa physiognomie exprimait tant de sensibilité quand il me parlait d’amour qu’insensiblement mon coeur se donna sans que je m’en aperçue. La dame chez qui je demeurais, qui avait pour moi les soins d’une mère, m’avertit de me tenir sur <choice><sic>ses</sic><corr>mes</corr></choice> gardes et defendit la porte à mon amant. Il m’écrivait les lettres les plus tendres et les plus delicates, et se promenait tous les jours sous mes fenêtres. Mais d’après les sages conseils qu’on m’avait donné, je lui renvoyai ses lettres et lui fit dire de ne plus m’écrire; s’il m’avait obei j’en aurais été fachée. Il est inutile que je vous fasse de longs détails. Des soins qu’il prit pendant un an pour me plaire, et que je vous dise, la constance m’inspira l’amour le plus vif. Un soir que la dame chez qui je demeurai n’y était point, il se présenta, d’abord il ne pu s’exprimer; en suite il me disait les choses les plus tendres et me proposait de m’en aller avec lui pour nous marier. J’étais toute tremblante, je voulu m’échapper, mais il me suivit et me porta dans sa voiture. Je fus d’abord indignée, je lui fis beaucoups de reproches, il me fit de nouveaux serments, mon amour étouffa mon indignation et les regrets que j’avais de quitter une dame a qui j’avais tant d’obligations. Il me conduisit dans une de ses terres auprès de Londres où nous devions nous marier, je m’en rapportai à son honneur. Il était noble, et attendait dix mille louis de rentes à sa majorité, en consequence il était forcé d’avoir des </p> </div> </back> </text> </TEI> [246/0270]
C’est ici que fini la periode de mon enfance et de ma toute première jeunesse.
Ce que je vais maintenant vous dire ne me parait point trop fait pour être inseré dans un procès-verbal; mais puisqu’on m’ordonne de rendre compte des principeaux événements de ma vie, j’obeis, mais cela me coûte a certains égards. Il venait chez cette dame un jeune anglais qui chercha à me faire la cour de la manière la plus honnête et la plus délicate, il avait beaucoup d’élévation et de générosité dans les sentiments, son âme était fière, son coeur droit. Il était beau, sa physiognomie exprimait tant de sensibilité quand il me parlait d’amour qu’insensiblement mon coeur se donna sans que je m’en aperçue. La dame chez qui je demeurais, qui avait pour moi les soins d’une mère, m’avertit de me tenir sur mes gardes et defendit la porte à mon amant. Il m’écrivait les lettres les plus tendres et les plus delicates, et se promenait tous les jours sous mes fenêtres. Mais d’après les sages conseils qu’on m’avait donné, je lui renvoyai ses lettres et lui fit dire de ne plus m’écrire; s’il m’avait obei j’en aurais été fachée. Il est inutile que je vous fasse de longs détails. Des soins qu’il prit pendant un an pour me plaire, et que je vous dise, la constance m’inspira l’amour le plus vif. Un soir que la dame chez qui je demeurai n’y était point, il se présenta, d’abord il ne pu s’exprimer; en suite il me disait les choses les plus tendres et me proposait de m’en aller avec lui pour nous marier. J’étais toute tremblante, je voulu m’échapper, mais il me suivit et me porta dans sa voiture. Je fus d’abord indignée, je lui fis beaucoups de reproches, il me fit de nouveaux serments, mon amour étouffa mon indignation et les regrets que j’avais de quitter une dame a qui j’avais tant d’obligations. Il me conduisit dans une de ses terres auprès de Londres où nous devions nous marier, je m’en rapportai à son honneur. Il était noble, et attendait dix mille louis de rentes à sa majorité, en consequence il était forcé d’avoir des
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