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Bismarck, Otto von: Gedanken und Erinnerungen. Bd. 2. Stuttgart, 1898.

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Achtundzwanzigstes Kapitel: Berliner Congreß.
celiers qui me suivront, il sera peut-etre plus aise d'egarer
leur jugement politique en leur faisant entrevoir comme on
l'a fait depuis trois ans, la facilite que l'on aurait chez vous
a creer une coalition sur la base de la revanche. Le sangfroid
avec lequel j'envisage cette eventualite, je ne pourrai pas le
leguer a mon successeur. Avec des journaux officieux qui
menacent, avec des calineries parisiennes en feuilletons et en
lettres aux dames politiques, il ne sera pas trop difficile un
de ces jours de fausser la boussole a un ministre allemand
epouvante par l'idee de l'isolement, et pour l'eviter il prendra
des engagements maladroits, mais difficiles a resoudre apres
coup. Ce ne sera pas moi dans tous les cas; car des que j'aurai
satisfait tant bien que mal aux exigences de la diete qui
s'ouvrira le 22 et qui ne doit durer que quelques semaines, je
me rendrai aux eaux pour ne plus revenir aux affaires. Je
tiens le certificat de la faculte que je suis "untauglich", phrase
officielle pour l'admission a la retraite, et qui dans cette cir¬
constance ne dit que la triste verite! Je n'y tiens plus.

Avant cette epoque j'aurai a repondre au dernier enigme
de votre politique; je suis maladroit a deviner, j'ai besoin
d'etre eclaire sur une pensee intime que j'ai a ce qu'il paraeit,
mal comprise par le passe. En ne recevant ni consigne ni
avis, je ne saurai trouver la ligne etroite entre le reproche
d'encourager le Turc en parlant paix et le soupcon de pousser
traitreusement a la guerre. Je viens de passer sous le feu
de ces accusations en sens oppose et je n'ai pas envie de m'y
exposer de nouveau sans pilote et sans phare meme qui
indique le port ou vous desirez nous voir arriver.

Bismarck.

Londres, le 25 fevr. 1877.

Mon cher Prince,

J'ai ete tres profondement touche de votre si bonne lettre --
seulement c'est un vrai remords pour moi que de penser a la

Achtundzwanzigſtes Kapitel: Berliner Congreß.
celiers qui me suivront, il sera peut-être plus aisé d'égarer
leur jugement politique en leur faisant entrevoir comme on
l'a fait depuis trois ans, la facilité que l'on aurait chez vous
à créer une coalition sur la base de la revanche. Le sangfroid
avec lequel j'envisage cette éventualité, je ne pourrai pas le
léguer à mon successeur. Avec des journaux officieux qui
menacent, avec des câlineries parisiennes en feuilletons et en
lettres aux dames politiques, il ne sera pas trop difficile un
de ces jours de fausser la boussole à un ministre allemand
épouvanté par l'idée de l'isolement, et pour l'éviter il prendra
des engagements maladroits, mais difficiles à résoudre après
coup. Ce ne sera pas moi dans tous les cas; car dès que j'aurai
satisfait tant bien que mal aux exigences de la diète qui
s'ouvrira le 22 et qui ne doit durer que quelques semaines, je
me rendrai aux eaux pour ne plus revenir aux affaires. Je
tiens le certificat de la faculté que je suis „untauglich“, phrase
officielle pour l'admission à la retraite, et qui dans cette cir¬
constance ne dit que la triste vérité! Je n'y tiens plus.

Avant cette époque j'aurai à répondre au dernier énigme
de votre politique; je suis maladroit à deviner, j'ai besoin
d'être éclairé sur une pensée intime que j'ai à ce qu'il paraît,
mal comprise par le passé. En ne recevant ni consigne ni
avis, je ne saurai trouver la ligne étroite entre le reproche
d'encourager le Turc en parlant paix et le soupçon de pousser
traitreusement à la guerre. Je viens de passer sous le feu
de ces accusations en sens opposé et je n'ai pas envie de m'y
exposer de nouveau sans pilote et sans phare même qui
indique le port où vous désirez nous voir arriver.

Bismarck.

Londres, le 25 févr. 1877.

Mon cher Prince,

J'ai été très profondément touché de votre si bonne lettre —
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[222/0246] Achtundzwanzigſtes Kapitel: Berliner Congreß. celiers qui me suivront, il sera peut-être plus aisé d'égarer leur jugement politique en leur faisant entrevoir comme on l'a fait depuis trois ans, la facilité que l'on aurait chez vous à créer une coalition sur la base de la revanche. Le sangfroid avec lequel j'envisage cette éventualité, je ne pourrai pas le léguer à mon successeur. Avec des journaux officieux qui menacent, avec des câlineries parisiennes en feuilletons et en lettres aux dames politiques, il ne sera pas trop difficile un de ces jours de fausser la boussole à un ministre allemand épouvanté par l'idée de l'isolement, et pour l'éviter il prendra des engagements maladroits, mais difficiles à résoudre après coup. Ce ne sera pas moi dans tous les cas; car dès que j'aurai satisfait tant bien que mal aux exigences de la diète qui s'ouvrira le 22 et qui ne doit durer que quelques semaines, je me rendrai aux eaux pour ne plus revenir aux affaires. Je tiens le certificat de la faculté que je suis „untauglich“, phrase officielle pour l'admission à la retraite, et qui dans cette cir¬ constance ne dit que la triste vérité! Je n'y tiens plus. Avant cette époque j'aurai à répondre au dernier énigme de votre politique; je suis maladroit à deviner, j'ai besoin d'être éclairé sur une pensée intime que j'ai à ce qu'il paraît, mal comprise par le passé. En ne recevant ni consigne ni avis, je ne saurai trouver la ligne étroite entre le reproche d'encourager le Turc en parlant paix et le soupçon de pousser traitreusement à la guerre. Je viens de passer sous le feu de ces accusations en sens opposé et je n'ai pas envie de m'y exposer de nouveau sans pilote et sans phare même qui indique le port où vous désirez nous voir arriver. Bismarck. Londres, le 25 févr. 1877. Mon cher Prince, J'ai été très profondément touché de votre si bonne lettre — seulement c'est un vrai remords pour moi que de penser à la

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Zitationshilfe: Bismarck, Otto von: Gedanken und Erinnerungen. Bd. 2. Stuttgart, 1898, S. 222. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/bismarck_erinnerungen02_1898/246>, abgerufen am 21.11.2024.