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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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tion l'impulsion irresistible de cette force intel-
ligente dans mes propres destinees, et dans
celles des etres cheris sur lesquels s'etendit
leur influence.

Je ne sais si je dois l'attribuer a la trop
forte tension de tous les ressorts de mon ame,
a l'epuisement de mes forces physiques, ou
bien au desordre inexprimable qu'excitait dans
tout mon etre, le voisinage odieux de cet in-
dividu. Quoi qu'il en soit, a l'instant de sig-
ner, je me sentis defaillir; je tombai sans con-
naissance, et je demeurai un temps considera-
ble entre les bras de la mort.

Quand je revins a moi, des trepignemens
de pieds et des imprecations furent les premiers
sons qui frapperent mon oreille. J'ouvris les
yeux. Il etait nuit, mon odieux compagnon me
donnait ses soins, tout en m'accablant d'injures.
-- "N'est-ce pas la, disait-il, se conduire comme
une vieille femme! Allons! qu'on se depeche,
et qu'on fasse ce qu'on a resolu de faire; ou
bien a-t-on change d'avis, et veut-on s'en tenir
a pleurer!" Je me relevai peniblement de la
terre ou j'etais etendu, et jetai en silence mes
regards autour de moi. Il faisait tout-a-fait

tion l’impulsion irrésistible de cette force intel-
ligente dans mes propres destinées, et dans
celles des êtres chéris sur lesquels s’étendit
leur influence.

Je ne sais si je dois l’attribuer à la trop
forte tension de tous les ressorts de mon âme,
à l’épuisement de mes forces physiques, ou
bien au désordre inexprimable qu’excitait dans
tout mon être, le voisinage odieux de cet in-
dividu. Quoi qu’il en soit, à l’instant de sig-
ner, je me sentis défaillir; je tombai sans con-
naissance, et je demeurai un temps considéra-
ble entre les bras de la mort.

Quand je revins à moi, des trépignemens
de pieds et des imprécations furent les premiers
sons qui frappèrent mon oreille. J’ouvris les
yeux. Il était nuit, mon odieux compagnon me
donnait ses soins, tout en m’accablant d’injures.
— «N’est-ce pas là, disait-il, se conduire comme
une vieille femme! Allons! qu’on se dépêche,
et qu’on fasse ce qu’on a résolu de faire; ou
bien a-t-on changé d’avis, et veut-on s’en tenir
à pleurer!» Je me relevai péniblement de la
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regards autour de moi. Il faisait tout-à-fait

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[79/0103] tion l’impulsion irrésistible de cette force intel- ligente dans mes propres destinées, et dans celles des êtres chéris sur lesquels s’étendit leur influence. Je ne sais si je dois l’attribuer à la trop forte tension de tous les ressorts de mon âme, à l’épuisement de mes forces physiques, ou bien au désordre inexprimable qu’excitait dans tout mon être, le voisinage odieux de cet in- dividu. Quoi qu’il en soit, à l’instant de sig- ner, je me sentis défaillir; je tombai sans con- naissance, et je demeurai un temps considéra- ble entre les bras de la mort. Quand je revins à moi, des trépignemens de pieds et des imprécations furent les premiers sons qui frappèrent mon oreille. J’ouvris les yeux. Il était nuit, mon odieux compagnon me donnait ses soins, tout en m’accablant d’injures. — «N’est-ce pas là, disait-il, se conduire comme une vieille femme! Allons! qu’on se dépêche, et qu’on fasse ce qu’on a résolu de faire; ou bien a-t-on changé d’avis, et veut-on s’en tenir à pleurer!» Je me relevai péniblement de la terre où j’étais étendu, et jetai en silence mes regards autour de moi. Il faisait tout-à-fait

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 79. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/103>, abgerufen am 09.11.2024.