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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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auraient ronge votre ombre, cette bourse serait
encore un lien solide entre nous. En un mot,
vous me tenez par la bourse; vous pouvez m'ap-
peler quand il vous plaira, et disposer en tous
temps et en tous lieux de votre tres-humble
et tres-obeissant serviteur. Vous savez quels
services je puis rendre a mes amis, et que sur-
tout les riches sont bien dans mes papiers;
vous l'avez vu. Mais pour votre ombre, Mon-
sieur, tenez-vous-le pour dit; vous savez le
prix que j'y mets. J'ai l'honneur de vous sa-
luer."

En ce moment d'anciens souvenirs se re-
tracerent inopinement a mon esprit. Je lui de-
mandai avec vivacite: "Aviez-vous une signa-
ture de M. John?" Il repondit en souriant: --
"Avec un ami tel que lui, je n'avais pas be-
soin d'ecriture." -- "Mais, qu'est-il devenu?
Ou est-il a cette heure? m'ecriai-je; au nom
de Dieu, je veux le savoir!"

Il mit en hesitant sa main droite dans sa
poche et en tira par les cheveux le fantome
pale et defigure de Thomas John, dont les
levres livides s'entr'ouvrant avec peine laisse-
rent echapper ces mots: Justo judicio Dei

auraient rongé votre ombre, cette bourse serait
encore un lien solide entre nous. En un mot,
vous me tenez par la bourse; vous pouvez m’ap-
peler quand il vous plaira, et disposer en tous
temps et en tous lieux de votre très-humble
et très-obéissant serviteur. Vous savez quels
services je puis rendre à mes amis, et que sur-
tout les riches sont bien dans mes papiers;
vous l’avez vu. Mais pour votre ombre, Mon-
sieur, tenez-vous-le pour dit; vous savez le
prix que j’y mets. J’ai l’honneur de vous sa-
luer.»

En ce moment d’anciens souvenirs se re-
tracerent inopinément à mon esprit. Je lui de-
mandai avec vivacité: «Aviez-vous une signa-
ture de M. John?» Il répondit en souriant: —
«Avec un ami tel que lui, je n’avais pas be-
soin d’écriture.» — «Mais, qu’est-il devenu?
Où est-il à cette heure? m’écriai-je; au nom
de Dieu, je veux le savoir!»

Il mit en hésitant sa main droite dans sa
poche et en tira par les cheveux le fantôme
pâle et défiguré de Thomas John, dont les
lèvres livides s’entr’ouvrant avec peine laissè-
rent échapper ces mots: Justo judicio Dei

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[96/0122] auraient rongé votre ombre, cette bourse serait encore un lien solide entre nous. En un mot, vous me tenez par la bourse; vous pouvez m’ap- peler quand il vous plaira, et disposer en tous temps et en tous lieux de votre très-humble et très-obéissant serviteur. Vous savez quels services je puis rendre à mes amis, et que sur- tout les riches sont bien dans mes papiers; vous l’avez vu. Mais pour votre ombre, Mon- sieur, tenez-vous-le pour dit; vous savez le prix que j’y mets. J’ai l’honneur de vous sa- luer.» En ce moment d’anciens souvenirs se re- tracerent inopinément à mon esprit. Je lui de- mandai avec vivacité: «Aviez-vous une signa- ture de M. John?» Il répondit en souriant: — «Avec un ami tel que lui, je n’avais pas be- soin d’écriture.» — «Mais, qu’est-il devenu? Où est-il à cette heure? m’écriai-je; au nom de Dieu, je veux le savoir!» Il mit en hésitant sa main droite dans sa poche et en tira par les cheveux le fantôme pâle et défiguré de Thomas John, dont les lèvres livides s’entr’ouvrant avec peine laissè- rent échapper ces mots: Justo judicio Dei

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 96. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/122>, abgerufen am 09.11.2024.