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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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pouvais detourner les yeux de sa personne, et
son aspect me faisait fremir. Il me devint im-
possible de le supporter plus long-temps. Je
resolus de m'eloigner, ce qui, vu le role insi-
gnifiant que je jouais, devait m'etre facile. Je
voulais retourner a la ville, rendre, le lende-
main, une nouvelle visite a M. John, et, si
j'en avais l'occasion ou le courage, lui faire
quelques questions au sujet de l'homme etrange
en habit gris. Trop heureux, si j'avais reussi
a m'echapper!

Deja je m'etais glisse hors du bosquet, et
me trouvais au pied de la colline, sur une
vaste piece de gazon, lorsque la crainte d'etre
surpris hors des allees me fit regarder autour
de moi. Quel fut mon effroi! en me retour-
nant, j'apercus l'homme en habit gris, qui me
suivait et venait a moi. Il m'ota d'abord son
chapeau, et s'inclina plus profondement que ja-
mais personne n'avait fait devant moi. Il etait
clair qu'il voulait me parler, et je ne pouvais
plus l'eviter sans impolitesse. Je lui otai donc
aussi mon chapeau et lui rendis son salut. Je
restai la tete nue, en plein soleil, immobile
comme si j'eusse pris racine sur le sol; je le

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pouvais détourner les yeux de sa personne, et
son aspect me faisait frémir. Il me devint im-
possible de le supporter plus long-temps. Je
résolus de m’éloigner, ce qui, vu le rôle insi-
gnifiant que je jouais, devait m’être facile. Je
voulais retourner à la ville, rendre, le lende-
main, une nouvelle visite à M. John, et, si
j’en avais l’occasion ou le courage, lui faire
quelques questions au sujet de l’homme étrange
en habit gris. Trop heureux, si j’avais réussi
à m’échapper!

Déjà je m’étais glissé hors du bosquet, et
me trouvais au pied de la colline, sur une
vaste pièce de gazon, lorsque la crainte d’être
surpris hors des allées me fit regarder autour
de moi. Quel fut mon effroi! en me retour-
nant, j’aperçus l’homme en habit gris, qui me
suivait et venait à moi. Il m’ôta d’abord son
chapeau, et s’inclina plus profondément que ja-
mais personne n’avait fait devant moi. Il était
clair qu’il voulait me parler, et je ne pouvais
plus l’éviter sans impolitesse. Je lui ôtai donc
aussi mon chapeau et lui rendis son salut. Je
restai la tête nue, en plein soleil, immobile
comme si j’eusse pris racine sur le sol; je le

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 9. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/25>, abgerufen am 23.11.2024.