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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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"que, sans aucune attention et avec un noble
"mepris, vous jetez a vos pieds .... cette ombre
"meme que voila. Encore une fois, Monsieur,
"pardonnez a votre humble serviteur l'insigne
"temerite de sa proposition; daigneriez-vous
"consentir a traiter avec moi de ce tresor?
"pourriez-vous vous resoudre a me le ceder?"

Il se tut, et j'hesitais a en croire mes oreil-
les. "M'acheter mon ombre! il est fou, me dis-
"je en moi-meme" et d'un ton qui sentait
peut-etre un peu la pitie, je lui repondis:

"Eh! mon ami, n'avez-vous donc point as-
"sez de votre ombre! Quel etrange marche me
"proposez-vous.." Il continua. -- "J'ai dans
"ma poche bien des choses qui pourraient n'etre
"pas indignes d'etre offertes a Monsieur. Il
"n'est rien que je ne donne pour cette ombre
"inestimable; rien a mes yeux n'en peut ega-
"ler le prix."

Une sueur froide ruissela sur tout mon corps,
lorsqu'il me fit ressouvenir de sa poche, et je
ne compris plus comment j'avais pu le nommer:
mon ami. Je repris la parole, et tachai de re-
parer ma faute a force de politesses.

"Mais, Monsieur, lui dis-je, excusez votre

«que, sans aucune attention et avec un noble
«mépris, vous jetez à vos pieds .... cette ombre
«même que voilà. Encore une fois, Monsieur,
«pardonnez à votre humble serviteur l’insigne
«témérité de sa proposition; daigneriez-vous
«consentir à traiter avec moi de ce trésor?
«pourriez-vous vous résoudre à me le céder?»

Il se tut, et j’hésitais à en croire mes oreil-
les. «M’acheter mon ombre! il est fou, me dis-
«je en moi-même» et d’un ton qui sentait
peut-être un peu la pitié, je lui répondis:

«Eh! mon ami, n’avez-vous donc point as-
«sez de votre ombre! Quel étrange marché me
«proposez-vous..» Il continua. — «J’ai dans
«ma poche bien des choses qui pourraient n’être
«pas indignes d’être offertes à Monsieur. Il
«n’est rien que je ne donne pour cette ombre
«inestimable; rien à mes yeux n’en peut éga-
«ler le prix.»

Une sueur froide ruissela sur tout mon corps,
lorsqu’il me fit ressouvenir de sa poche, et je
ne compris plus comment j’avais pu le nommer:
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parer ma faute à force de politesses.

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[11/0027] «que, sans aucune attention et avec un noble «mépris, vous jetez à vos pieds .... cette ombre «même que voilà. Encore une fois, Monsieur, «pardonnez à votre humble serviteur l’insigne «témérité de sa proposition; daigneriez-vous «consentir à traiter avec moi de ce trésor? «pourriez-vous vous résoudre à me le céder?» Il se tut, et j’hésitais à en croire mes oreil- les. «M’acheter mon ombre! il est fou, me dis- «je en moi-même» et d’un ton qui sentait peut-être un peu la pitié, je lui répondis: «Eh! mon ami, n’avez-vous donc point as- «sez de votre ombre! Quel étrange marché me «proposez-vous..» Il continua. — «J’ai dans «ma poche bien des choses qui pourraient n’être «pas indignes d’être offertes à Monsieur. Il «n’est rien que je ne donne pour cette ombre «inestimable; rien à mes yeux n’en peut éga- «ler le prix.» Une sueur froide ruissela sur tout mon corps, lorsqu’il me fit ressouvenir de sa poche, et je ne compris plus comment j’avais pu le nommer: mon ami. Je repris la parole, et tâchai de ré- parer ma faute à force de politesses. «Mais, Monsieur, lui dis-je, excusez votre

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 11. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/27>, abgerufen am 09.11.2024.