Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.ne savais plus qu'en faire. Je ne pouvais le Je me fis apporter a manger, et je fis ve- ne savais plus qu’en faire. Je ne pouvais le Je me fis apporter à manger, et je fis ve- <TEI> <text> <body> <div n="1"> <p><pb facs="#f0036" n="18"/> ne savais plus qu’en faire. Je ne pouvais le<lb/> laisser ainsi sur le plancher. J’essayai si la<lb/> bourse, de laquelle il était sorti, aurait la vertu<lb/> de l’absorber, mais non, il ne voulait pas y<lb/> rentrer. Aucune de mes fenêtres ne s’ouvrait<lb/> sur la mer; il fallut donc prendre mon parti,<lb/> et à force de temps et de peines, à la sueur<lb/> de mon front, le porter dans une grande ar-<lb/> moire, qui se trouvait dans un cabinet attenant<lb/> à ma chambre à coucher, et l’y cacher jusqu’à<lb/> nouvel ordre; je n’en laissai que quelques poi-<lb/> gnées dans mon appartement. Lorsque ce tra-<lb/> vail fut achevé, je m’étendis épuisé de fatigue<lb/> dans une bergère, et j’attendis que les gens de<lb/> la maison commençassent à se faire entendre.</p><lb/> <p>Je me fis apporter à manger, et je fis ve-<lb/> nir l’hôte, avec lequel je réglai l’ordonnance de<lb/> ma maison. Il me recommanda, pour mon ser-<lb/> vice personnel, un nommé Bendel, dont la phy-<lb/> sionomie ouverte et sage m’inspira d’abord la<lb/> confiance. Pauvre Bendel!! c’est lui dont l’at-<lb/> tachement a depuis adouci mon sort, et qui m’a<lb/> aidé à supporter mes maux en les partageant.<lb/> Je passai toute la journée chez moi avec des<lb/> valets sans maîtres et des marchands. Je mon-<lb/></p> </div> </body> </text> </TEI> [18/0036]
ne savais plus qu’en faire. Je ne pouvais le
laisser ainsi sur le plancher. J’essayai si la
bourse, de laquelle il était sorti, aurait la vertu
de l’absorber, mais non, il ne voulait pas y
rentrer. Aucune de mes fenêtres ne s’ouvrait
sur la mer; il fallut donc prendre mon parti,
et à force de temps et de peines, à la sueur
de mon front, le porter dans une grande ar-
moire, qui se trouvait dans un cabinet attenant
à ma chambre à coucher, et l’y cacher jusqu’à
nouvel ordre; je n’en laissai que quelques poi-
gnées dans mon appartement. Lorsque ce tra-
vail fut achevé, je m’étendis épuisé de fatigue
dans une bergère, et j’attendis que les gens de
la maison commençassent à se faire entendre.
Je me fis apporter à manger, et je fis ve-
nir l’hôte, avec lequel je réglai l’ordonnance de
ma maison. Il me recommanda, pour mon ser-
vice personnel, un nommé Bendel, dont la phy-
sionomie ouverte et sage m’inspira d’abord la
confiance. Pauvre Bendel!! c’est lui dont l’at-
tachement a depuis adouci mon sort, et qui m’a
aidé à supporter mes maux en les partageant.
Je passai toute la journée chez moi avec des
valets sans maîtres et des marchands. Je mon-
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