On avoit bien d'abord concau cette Matiere, Principe a tous les Corps commun egalement, Lorsqu'en un sens abstrait on l'appelle Premiere, Propre a devenir tout, prete a tout Changement; Mais qui n'est rien encor; comme l'informe Argile Peut se paeitrir diversement; Au gre de l'Ouvrier a cent formes docile. Donc ces divins Esprits, concevant clairement, Qu'elle est, demeurant immobile, Et cause sans effet & Principe inutile, Et qu'il faut, que le Mouvement Lui donne l'Action, la Vie & l'Ornement. Ils chantoient, que des Dieux & le Maeitre & le Pere L'Amour, par qui tout est produit, Ce Dieu par tout brillant, avoit eu pour sa Mere La tenebreuse Nuit. Ils assauroient, que sa Flame feconde De l'horreur du Cahos vint affranchir le Monde, Et sous d'heureuses loix ranger les Elemens; Que son flambeau divin alluma la Lumiere, Que sa main produisit les premiers Mouvemens, Qui debrouillerent la Matiere, Et qu'il en entretient l'Ordre & les Reglemens.
Par
Reflexions sur la Matiere &c.
On avoit bien d’abord conçû cette Matiere, Principe à tous les Corps commun également, Lorsqu’en un ſens abſtrait on l’appelle Premiere, Propre à devenir tout, prête à tout Changement; Mais qui n’eſt rien encor; comme l’informe Argile Peut ſe paîtrir diverſement; Au gré de l’Ouvrier à cent formes docile. Donc ces divins Eſprits, concevant clairement, Qu’elle eſt, demeurant immobile, Et cauſe ſans effet & Principe inutile, Et qu’il faut, que le Mouvement Lui donne l’Action, la Vie & l’Ornement. Ils chantoient, que des Dieux & le Maître & le Pere L’Amour, par qui tout eſt produit, Ce Dieu par tout brillant, avoit eu pour ſa Mere La tenebreuſe Nuit. Ils aſſûroient, que ſa Flâme feconde De l’horreur du Cahos vint affranchir le Monde, Et ſous d’heureuſes loix ranger les Elemens; Que ſon flambeau divin alluma la Lumiere, Que ſa main produiſit les premiers Mouvemens, Qui débrouillerent la Matiere, Et qu’il en entretient l’Ordre & les Reglemens.
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Reflexions sur la Matiere &c.
On avoit bien d’abord conçû cette Matiere,
Principe à tous les Corps commun également,
Lorsqu’en un ſens abſtrait on l’appelle Premiere,
Propre à devenir tout, prête à tout Changement;
Mais qui n’eſt rien encor; comme l’informe Argile
Peut ſe paîtrir diverſement;
Au gré de l’Ouvrier à cent formes docile.
Donc ces divins Eſprits, concevant clairement,
Qu’elle eſt, demeurant immobile,
Et cauſe ſans effet & Principe inutile,
Et qu’il faut, que le Mouvement
Lui donne l’Action, la Vie & l’Ornement.
Ils chantoient, que des Dieux & le Maître & le Pere
L’Amour, par qui tout eſt produit,
Ce Dieu par tout brillant, avoit eu pour ſa Mere
La tenebreuſe Nuit.
Ils aſſûroient, que ſa Flâme feconde
De l’horreur du Cahos vint affranchir le Monde,
Et ſous d’heureuſes loix ranger les Elemens;
Que ſon flambeau divin alluma la Lumiere,
Que ſa main produiſit les premiers Mouvemens,
Qui débrouillerent la Matiere,
Et qu’il en entretient l’Ordre & les Reglemens.
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 76. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/106>, abgerufen am 04.12.2024.
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