Cependant Epicure a compose notre Ame De Vapeurs, ou s'il veut d'Air, de Vent, & de Flame, Et d'un, je ne sai quoi, quil ne peut definir. Sans rien chercher de plus on ose soutenir, Dans une confiance aveugle autant que fiere, Qu'il n'est rien, que des Corps, & que tout est Matiere. On se repaeit avidement, Dans les Vers pompeux de Lucrece, D'un frivole raisonnement: On nous vient objecter le Sommeil, & l'Yvresse, La foible Enfance, & la froide Vieillesse. On veut que l'Esprit-Corps dans le Corps engage, Seulement plus subtil est de la meme espece, Se derange avec lui, de son poids est charge; Qu'il croeit dans les Enfans, comme aux Vieillards il baisse; Que par les maux du Corps il languit, & s'affaisse, Que les memes ressorts reglent leurs actions, Que memes accidens troublent leurs fonctions, Que la Vie en tous deux au meme moment cesse.
Mais faut-il repeter les precedens Discours? Lo rsque l'on sait du Corps l'admirable Structure, Des Muscles & des Nerfs la subtile tissure, Des Esprits le rapide cours;
Ces
De l’Union et Diſt. de l’Ame et du Corpſ.
Cependant Epicure a compoſé notre Ame De Vapeurs, où s’il veut d’Air, de Vent, & de Flâme, Et d’un, je ne ſai quoi, quil ne peut definir. Sans rien chercher de plus on oſe ſoutenir, Dans une confiance aveugle autant que fiere, Qu’il n’eſt rien, que des Corps, & que tout eſt Matiere. On ſe repaît avidement, Dans les Vers pompeux de Lucrece, D’un frivole raiſonnement: On nous vient objecter le Sommeil, & l’Yvréſſe, La foible Enfance, & la froide Vieilleſſe. On veut que l’Eſprit-Corps dans le Corps engagé, Seulement plus ſubtil eſt de la même eſpece, Se dérange avec lui, de ſon poids eſt chargé; Qu’il croît dans les Enfans, comme aux Vieillards il baiſſe; Que par les maux du Corps il languit, & s’affaiſſe, Que les mêmes reſſorts reglent leurs actions, Que mêmes accidens troublent leurs fonctions, Que la Vie en tous deux au même moment ceſſe.
Mais faut-il repeter les précedens Diſcours? Lo rsque l’on ſait du Corps l’admirable Structure, Des Muſcles & des Nerfs la ſubtile tiſſure, Des Eſprits le rapide cours;
Ces
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De l’Union et Diſt. de l’Ame et du Corpſ.
Cependant Epicure a compoſé notre Ame
De Vapeurs, où s’il veut d’Air, de Vent, & de Flâme,
Et d’un, je ne ſai quoi, quil ne peut definir.
Sans rien chercher de plus on oſe ſoutenir,
Dans une confiance aveugle autant que fiere,
Qu’il n’eſt rien, que des Corps, & que tout eſt Matiere.
On ſe repaît avidement,
Dans les Vers pompeux de Lucrece,
D’un frivole raiſonnement:
On nous vient objecter le Sommeil, & l’Yvréſſe,
La foible Enfance, & la froide Vieilleſſe.
On veut que l’Eſprit-Corps dans le Corps engagé,
Seulement plus ſubtil eſt de la même eſpece,
Se dérange avec lui, de ſon poids eſt chargé;
Qu’il croît dans les Enfans, comme aux Vieillards il
baiſſe;
Que par les maux du Corps il languit, & s’affaiſſe,
Que les mêmes reſſorts reglent leurs actions,
Que mêmes accidens troublent leurs fonctions,
Que la Vie en tous deux au même moment ceſſe.
Mais faut-il repeter les précedens Diſcours?
Lo rsque l’on ſait du Corps l’admirable Structure,
Des Muſcles & des Nerfs la ſubtile tiſſure,
Des Eſprits le rapide cours;
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 552. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/582>, abgerufen am 21.11.2024.
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