Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.II. Enfin je revins a moi, et me hatai de quitter J'approchais de la porte, lorsque j'entendis A la barriere, la sentinelle repeta la meme II. Enfin je revins à moi, et me hâtai de quitter J’approchais de la porte, lorsque j’entendis A la barrière, la sentinelle répéta la même <TEI> <text> <body> <pb facs="#f0032" n="[14]"/> <div n="1"> <head> <hi rendition="#b">II.</hi> </head><lb/> <p><hi rendition="#in">E</hi>nfin je revins à moi, et me hâtai de quitter<lb/> ce lieu, où j’espérais ne plus rien avoir à faire.<lb/> Je commençai par remplir mes poches d’or, puis<lb/> je suspendis la bourse à mon cou et la cachai<lb/> sous mes vêtemens. Je sortis du parc sans<lb/> être remarqué, je gagnai la grande route, et je<lb/> m’acheminai vers la ville.</p><lb/> <p>J’approchais de la porte, lorsque j’entendis<lb/> crier derrière moi: — «Jeune homme! eh!<lb/> «jeune homme! écoutez donc!» — Je me re-<lb/> tournai, et j’aperçus une vieille femme qui me<lb/> dit: — «Prenez donc garde, Monsieur, vous<lb/> «avez perdu votre ombre.» — «Grand merci,<lb/> «ma bonne mère,» lui répondis-je, en lui je-<lb/> tant une pièce d’or pour prix de son bon avis,<lb/> et je continuai ma route à l’ombre des arbres<lb/> qui bordaient le chemin.</p><lb/> <p>A la barrière, la sentinelle répéta la même<lb/> observation. — «Où celui-ci a-t-il laissé son<lb/> «ombre?» Des femmes à quelques pas de là<lb/></p> </div> </body> </text> </TEI> [[14]/0032]
II.
Enfin je revins à moi, et me hâtai de quitter
ce lieu, où j’espérais ne plus rien avoir à faire.
Je commençai par remplir mes poches d’or, puis
je suspendis la bourse à mon cou et la cachai
sous mes vêtemens. Je sortis du parc sans
être remarqué, je gagnai la grande route, et je
m’acheminai vers la ville.
J’approchais de la porte, lorsque j’entendis
crier derrière moi: — «Jeune homme! eh!
«jeune homme! écoutez donc!» — Je me re-
tournai, et j’aperçus une vieille femme qui me
dit: — «Prenez donc garde, Monsieur, vous
«avez perdu votre ombre.» — «Grand merci,
«ma bonne mère,» lui répondis-je, en lui je-
tant une pièce d’or pour prix de son bon avis,
et je continuai ma route à l’ombre des arbres
qui bordaient le chemin.
A la barrière, la sentinelle répéta la même
observation. — «Où celui-ci a-t-il laissé son
«ombre?» Des femmes à quelques pas de là
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