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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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ou j'etais; je gravis pour m'orienter la colline
la plus prochaine, et de son sommet, je de-
couvris presqu'a mes pieds et la ville et le jar-
din. Aussitot mon coeur battit avec force, et
des larmes, bien differentes de celles que jus-
ques-la j'avais versees, roulerent dans mes
yeux; j'allais donc la revoir!! Je descendis par
le sentier le plus direct; un desir inquiet pre-
cipitait mes pas: je passai, sans etre vu, aupres
de quelques paysans qui venaient de la ville.
Ils s'entretenaient de moi, du pere de Mina,
de Rascal; je ne voulus pas les entendre; j'ac-
celerai ma course.

J'entrai dans le jardin, mon coeur tressail-
lit. Je crus d'abord entendre un eclat de rire
qui me fit frisonner. Je regardai partout autour
de moi, mais je ne pus decouvrir personne.
Je m'avancai dans le jardin; il me semblait
entendre comme les pas d'un homme qui aurait
marche a mes cotes, et cependant je ne voyais
rien; je crus que mon oreille me trompait. Il
etait encore de bonne heure, personne dans le
jardin, personne sous le berceau du comte
Pierre; tout etait encore desert. Je parcourus
ces allees qui m'etaient si connues; je m'avancai

où j’étais; je gravis pour m’orienter la colline
la plus prochaine, et de son sommet, je dé-
couvris presqu’à mes pieds et la ville et le jar-
din. Aussitôt mon coeur battit avec force, et
des larmes, bien différentes de celles que jus-
ques-là j’avais versées, roulèrent dans mes
yeux; j’allais donc la revoir!! Je descendis par
le sentier le plus direct; un désir inquiet pré-
cipitait mes pas: je passai, sans être vu, auprès
de quelques paysans qui venaient de la ville.
Ils s’entretenaient de moi, du père de Mina,
de Rascal; je ne voulus pas les entendre; j’ac-
célérai ma course.

J’entrai dans le jardin, mon coeur tressail-
lit. Je crus d’abord entendre un éclat de rire
qui me fit frisonner. Je regardai partout autour
de moi, mais je ne pus découvrir personne.
Je m’avançai dans le jardin; il me semblait
entendre comme les pas d’un homme qui aurait
marché à mes côtés, et cependant je ne voyais
rien; je crus que mon oreille me trompait. Il
était encore de bonne heure, personne dans le
jardin, personne sous le berceau du comte
Pierre; tout était encore désert. Je parcourus
ces allées qui m’étaient si connues; je m’avançai

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[70/0094] où j’étais; je gravis pour m’orienter la colline la plus prochaine, et de son sommet, je dé- couvris presqu’à mes pieds et la ville et le jar- din. Aussitôt mon coeur battit avec force, et des larmes, bien différentes de celles que jus- ques-là j’avais versées, roulèrent dans mes yeux; j’allais donc la revoir!! Je descendis par le sentier le plus direct; un désir inquiet pré- cipitait mes pas: je passai, sans être vu, auprès de quelques paysans qui venaient de la ville. Ils s’entretenaient de moi, du père de Mina, de Rascal; je ne voulus pas les entendre; j’ac- célérai ma course. J’entrai dans le jardin, mon coeur tressail- lit. Je crus d’abord entendre un éclat de rire qui me fit frisonner. Je regardai partout autour de moi, mais je ne pus découvrir personne. Je m’avançai dans le jardin; il me semblait entendre comme les pas d’un homme qui aurait marché à mes côtés, et cependant je ne voyais rien; je crus que mon oreille me trompait. Il était encore de bonne heure, personne dans le jardin, personne sous le berceau du comte Pierre; tout était encore désert. Je parcourus ces allées qui m’étaient si connues; je m’avançai

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 70. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/94>, abgerufen am 09.11.2024.