les forces necessaires pour la fournir comme il faut, je me vois oblige de mettre ma charge aux pieds de mon Rei.
Je suis pauvre, aiant eu toujours le coeur trop bien place pour regagner par dee menees illici- tes ce que j'ai mange de mon peu de patrimoine pendant le tems de mon service militaire, de sor- te, que mes apointemens, venant a cesser, je serai oblige de vivre a la campagne avec la frugalite de Cincinnatus, si V. M. ne daigne pas accorder nue pension, quelque petite qu'elle soit, a un pauvre sujet, qui selon les apparences n'en Jouira pas longtems. Mais si vous me la refuses, Sire, il me faudra suivre le systeme du Philosophe de Sans-Souci, Plein d'une vertu plus forte J'epouse la pauvrete, Car pour dot elle m'apporte L'honneur et la probite.
Le souvenir d'avoir servi le plus grand de Rois avec fidelite sans reserve et sans reproche sera ma consulation, et eusse-je meme le malneur de ne pas obtenir la grace, dont je me flatte, et d'etre abaudonne de mon Souverain, je n'en de- mererois pas moins avec le meme respect, la meme soumission, et le meme zele.
Sire de Votre Majeste le treshumble et tres obeissant servi- teur et fidele sujet S.
les forces neceſſaires pour la fournir comme il faut, je me vois obligé de mettre ma charge aux pieds de mon Rei.
Je ſuis pauvre, aiant eu toujours le coeur trop bien placé pour regagner par dee meneés illici- tes ce que j’ai mangé de mon peu de patrimoine pendant le tems de mon ſervice militaire, de ſor- te, que mes apointemens, venant à ceſſer, je ſerai obligé de vivre à la campagne avec la frugalité dé Cincinnatus, ſi V. M. ne daigne pas accorder nue penſion, quelque petite qu’elle ſoit, à un pauvre ſujet, qui ſelon les apparences n’en Jouira pas longtems. Mais ſi vous me la refuſés, Sire, il me faudra ſuivre le ſyſteme du Philoſophe de Sans-Souci, Plein d’une vertu plus forte J’épouſe la pauvreté, Car pour dot elle m’apporte L’honneur et la probité.
Le ſouvenir d’avoir ſervi le plus grand de Rois avec fidelité ſans reſerve et ſans reproche ſera ma conſulation, et euſſe-je même le malneur de ne pas obtenir la grace, dont je me flatte, et d’être abaudonné de mon Souverain, je n’en de- mererois pas moins avec le même reſpect, la même ſoumiſſion, et le même zêle.
Sire de Vôtre Majeſté le treshumble et tres obeiſſant ſervi- teur et fidele ſujet S.
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[0533]
les forces neceſſaires pour la fournir comme il
faut, je me vois obligé de mettre ma charge aux
pieds de mon Rei.
Je ſuis pauvre, aiant eu toujours le coeur
trop bien placé pour regagner par dee meneés illici-
tes ce que j’ai mangé de mon peu de patrimoine
pendant le tems de mon ſervice militaire, de ſor-
te, que mes apointemens, venant à ceſſer, je ſerai
obligé de vivre à la campagne avec la frugalité
dé Cincinnatus, ſi V. M. ne daigne pas accorder
nue penſion, quelque petite qu’elle ſoit, à un
pauvre ſujet, qui ſelon les apparences n’en Jouira
pas longtems. Mais ſi vous me la refuſés, Sire,
il me faudra ſuivre le ſyſteme du Philoſophe de
Sans-Souci,
Plein d’une vertu plus forte
J’épouſe la pauvreté,
Car pour dot elle m’apporte
L’honneur et la probité.
Le ſouvenir d’avoir ſervi le plus grand de
Rois avec fidelité ſans reſerve et ſans reproche ſera
ma conſulation, et euſſe-je même le malneur de
ne pas obtenir la grace, dont je me flatte, et
d’être abaudonné de mon Souverain, je n’en de-
mererois pas moins avec le même reſpect, la même
ſoumiſſion, et le même zêle.
Sire
de Vôtre Majeſté
le treshumble et tres obeiſſant ſervi-
teur et fidele ſujet
S.
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Scheffner, Johann George: Mein Leben, wie ich Johann George Scheffner es selbst beschrieben. Leipzig, 1823, S. . In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/scheffner_leben_1823/533>, abgerufen am 22.11.2024.
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